Eric Whitacre : deux pièces a cappella
Eric Whitacre est né en 1970. Très vite, il se fait une place de choix dans le monde de la musique vocale et chorale. En 1997, son premier album intitulé « the music of Eric Whitacre» fut classé premier du top ten du classement « classical albums ». Dans le même temps, «The Los Angeles times» caractérisa sa musique d’électrique d’une incomparable beauté.
Ce compositeur américain dirige de nombreuses formations chorales et orchestrales notamment aux Etats Unis et au Japon, composant pour les épreuves des grandes écoles musicales des USA, comme la Juilliard School de New York.
Hope, faith, life, love
Tirés d’un de ses poèmes préférés du poète e.e. cummings, Eric Whitacre n’a conservé que les quatre mots introductifs (espérance, confiance, vie et amour) et les quatre conclusifs (rêve, joie, vérité et âme).
Par ces mots répétés et déclinés en une harmonie vibrante, le compositeur invite l’auditeur à une méditation libre et inspirée.
Lux Aurumque
Le compositeur a traduit en latin ce poème de Edward Esch :
« Lumière, chaude et lourde comme de l’or pur, et les anges chantent doucement pour le bébé nouveau-né. »
Ola Gjeilo :
Ola Gjeilo est né en Norvège en 1978. Il part à New York en 2001 pour suivre l’enseignement de la célèbre Juilliard School.
Pianiste et compositeur, il a écrit de nombreuses oeuvres pour choeur, parfois inspirées de musiques de films, comme Sunrise Mass ou Dark Night of the Soul. Il compose actuellement pour l’ensemble Voces 8.
Unicornis Captivatur
Cette pièce religieuse a cappella à huit voix a été composée en 2001 à partir d’un recueil de poèmes composés vers 1400, le « Engelberg Codex ». Le texte est une hymne de Pâques qui célèbre la résurrection à travers les symboles médiévaux du Christ : la licorne, le pélican, le lion, l’hydre et le phénix.
Deux sections écrites sur des tempi très enlevés entourent un passage central plus recueilli.
Morten Lauridsen :
Né en 1943, Morten Mauridsen est un compositeur américain d’ascendance danoise.C’est depuis longtemps un professeur de composition à l’école de musique Thornton de l’Université de Californie du Sud.
Avec Whitacre, Lauridsen est l’un des compositeurs américains de musique chorale les plus souvent chantés. Il écrit des œuvres sacrée et profanes. Ses harmonies sont colorées par l’ajout, à certains accords, de notes étrangères : une structure harmonique de premier renversement d’un accord parfait majeur auquel s’ajoute une quarte juste ou une seconde majeure sur la fondamentale.
Son œuvre à cinq mouvements Lux æterna (1997) pour chœur et orchestre est devenue populaire aux États-Unis, et est souvent chantée, enregistrée, et diffusée à la radio.
O Magnum Mysterium
O Magnum Mysterium est un chant contemplatif interprété pour les mâtines de Noël, qui a été mis en musique par d’autres compositeurs de différentes époques (baroque avec Victoria, contemporaine avec Poulenc…).
Cette version composée en 1994, délicate vocalement en raison de ses longues notes tenues, nous plonge d’emblée dans une atmosphère de spiritualité épurée et recueillie, qui se prolonge d’un bout à l’autre de la pièce.
Saint-Saëns : Quatre pièces a cappella
Camille Saint-Saëns offre un catalogue riche et varié. Alors que son nom est très connu, paradoxalement, un pan entier de son œuvre est méconnu voire totalement ignoré. C’est le cas de son magnifique Requiem op. 54.
Enfant prodige, né à Paris le 9 octobre 1835, pianiste et organiste de renommée internationale, ami de Berlioz, Liszt et Wagner, Saint-Saëns fait office de pionnier, de révolutionnaire même (Il doit à l’influence de Liszt que son opéra « Samson et Dalila » soit joué), jusque dans les années 1880, apogée de son talent. Il fonde d’ailleurs la « Société Nationale de Musique » dans le but de soutenir les jeunes musiciens (Fauré, d’Indy, Chausson ou Franck).
Il se marie sur un coup de tête et assiste à la mort de ses deux enfants, drame qui précipitera le désastre de sa vie conjugale.
Sensible, cultivé, plein d’humour, faisant preuve d’une bonté hors du commun, Saint-Saëns mourra pauvre à Alger le 16 octobre 1921.
La romance du soir op 118 :(3’44)
Cette pièce est la plus précise et la plus développée des quatre. Chaque phrase est portée par un développement musical propre. La coda, sur un caractère proprement lyrique, aboutit à une pédale de tonique habile, rappelant le procédé favori de Brahms. Paroles de J.L. Croze.
Les fleurs et les arbres op 68 : (2’)
Le thème de « la nature consolatrice des maux » est repris ici par le compositeur, non sans une certaine exaltation.
Saint-Saëns met en parallèle la nature et l‘art, convaincu que seul celui-ci peut illuminer la première, refuge de l’âme.
Saint-Saëns écrivit lui-même les poèmes de cet opus 68.
Des pas dans l’allée, op 141 : (4’,22)
Evocation de la solitude en l’absence de l’être aimé défunt. A noter que ce poème de Maurice Boukay porte le sous-titre de « madrigal à 4 voix », attestant de l’intérêt de St Saëns pour la musique de la renaissance.
Calme des nuits op 68 :(3’25)
Parfaite homophonie rompue à 4 reprises par l’exposition des mots « calme, vaste, poète et amour ». Magnificence de la beauté cosmique, dans la nuance de pianissimo, à l’exception de la partie médiane dans laquelle s’exposent les artifices humains.
a cappella
Peu connu, pas assez connu en France, Franck Martin est un compositeur suisse né à Genève en 1890. Dixième enfant d’un pasteur calviniste, il montre des dons très précoces pour la musique et reçoit un vér
itable choc fondateur à 10 ans, à l’écoute de la Passion selon Saint Matthieu de Bach.
Il a mené une brillante carrière en tant que compositeur, mais aussi critique musical, enseignant et directeur de plusieurs sociétés de musique dans divers pays d’Europe.
Sa messe pour double chœur a cappella est une œuvre de jeunesse, empreinte de la profonde foi qui animait cet homme de grandes convictions. Religiosité sincère et œcuménique, puisque Martin, élevé dans la théologie protestante, n’a pas hésité à se tourner vers les œuvres emblématiques du rituel romain (il composera sur la fin de sa vie un magnifique requiem), dans lesquelles il trouvait un chemin d’expression de sa foi nourri des modèles séculaires de ses prédécesseurs.
Des influences variées se côtoient donc dans cette messe à double chœur à contre courant de l’esthétique de son époque, sans que son caractère d’unité en soit altéré.
Franck Martin était un musicien doué, mais pudique. Sa foi, ainsi qu’il le disait était « une affaire entre Dieu et lui ». C’est ainsi que, composée en 1922, la messe sera donnée pour la première fois en 1963 à Hambourg.
Le Kyrie débute par une monodie modale, simple et le plus souvent homophonique. Ce numéro s’inspire du plain-chant, manifeste dans la sinueuse mélodie d’alto, au début.
Les libres entrelacs créent une certaine sensation de supplication alors que l’ouverture douce et calme du Gloria conduit à un mouvement dans lequel le jeu de répons dynamise et nourrit la division du chœur.
Les fréquents changements d’indication de mesure et les contre-rythmes attestent d’une réelle fascination de Franck Martin pour le rythme qu’il enseigna avec passion.
Une tension continue parcourt le Credo, merveille de concision, tout comme l’œuvre dans son entièreté. Un subtil figuralisme et une écriture canonique se côtoient, rehaussés par ce moment glorieux indiqué « dolce-piano ».Le Sanctus, par mouvements successifs enrichissant l’exposition initiale, offre un coussin harmonique doux et oscillant. Après un Benedictus profond, quasi sensuel, ce mouvement est ponctué par un des rares épisodes fortissimo de l’œuvre.
Martin conclue sa pièce par un Agnus Dei très émouvant. Les deux chœurs, parfaitement distincts, proposent, sur une base régulière du second, un flux rythmique plus libre du premier, quasi grégorien, remémorant les lignes initiales du début de l’œuvre. Les deux chœurs se rejoignent à la fin pour une conclusion profonde, émouvante, à la pure spiritualité.
(Devis sur demande)