Poulenc : Gloria, S. Mater

Dans ce programme, l’ensemble vocal Unité présente deux œuvres majeures du compositeur Francis Poulenc, le Stabat Mater écrit à la mémoire de son ami Christian Bérard, et le Gloria, fruit d’une commande de la Fondation Koussevitsky.

« J’ai la foi d’un curé de campagne », disait le compositeur en 1963 peu avant sa mort. Lui qui se définissait comme « un moine voyou » s’était dans sa jeunesse détourné de la religion, puis avait connu une révélation lors d’un pèlerinage à Rocamadour. Sa musique religieuse est alors marquée par une spiritualité originale, à la fois profonde et légère, parfaitement traduite par la complexité et la richesse de son style.

Poulenc possède une compréhension intuitive des textes qu’il met en musique et ne s’embarrasse jamais des carcans de la tradition ou de la bienséance, tout chez lui est au service des mots et de l’émotion qu’ils suscitent.

A propos de son Stabat  Mater, Poulenc parlait d’un « élan lyrique et mystique », sensible dans les effets miroitants de l’enchainement des différents mouvements, et dans les interventions de la soprano soliste, toutes en subtil équilibre avec le chœur. Le compositeur avait d’abord pensé écrire un Requiem pour son camarade peintre, mort à 46 ans, mais très vite, le texte bouleversant du Stabat s’imposa à lui, comme seul capable de faire revivre la figure lumineuse de son ami disparu.

Dans  son Gloria, composé peu de temps avant sa mort, Poulenc fait exploser  une verve jubilatoire souvent plus proche de l’esprit profane que de la tradition sacrée.

Si elle renferme des pages recueillies digne d’un chant grégorien, la partition ne recule pas non plus devant la truculence, notamment dans le Laudamus Te, liberté de ton qui en choquera certains.

« Pourquoi ?» leur répond le compositeur. « J’ai pensé, simplement, en l’écrivant à ces fresques de Gozzoli où les anges tirent la langue, et aussi à ces graves bénédictins que j’ai vus un jour jouer au football ».

Poulenc éprouvait  une fierté particulière à l’égard de sa création : « Le Gloria est certainement ce que j’ai fait de mieux. Il n’y a pas une note dans les chœurs à changer ».